L’enfant théologien
Depuis plusieurs années, l’Eglise protestante de Genève réfléchit à de nouvelles manières de proposer aux enfants une catéchèse qui correspond à leurs besoins spirituels.

Longtemps, on a pensé que la catéchèse procédait d’une instruction verticale. Puis, au cours des années 70, on a privilégié l’aspect ludique de l’enseignement biblique. La réflexion actuelle, à la lumière des récentes découvertes dans le domaine pédagogique, tend à considérer que l’enfant est capable d’une réflexion propre sur son environnement social, physique, intellectuel et spirituel. L’enjeu devient alors pour nous, catéchètes, de mettre l’enfant en présence des textes bibliques afin de lui permettre de développer sa propre pensée et d’élaborer, au même titre qu’un adulte ou un adolescent, une réflexion théologique. On dit l’enfant « capable de Dieu ».
C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la théologie ou la spiritualité de l’enfant.

Aujourd’hui, une approche en particulier nous semble correspondre à cette manière de prendre l’enfant au sérieux : le Godly Play®. Intraduisible en français : « le jeu de Dieu (!) ». Il se décline en plusieurs temps :
• le récit d’une histoire biblique,
• un temps de discussion théologique, utilisant les outils des communautés de recherches philosophiques,
• un moment de créativité personnel en réponse au récit,
• un « festin » évoquant le partage du pain et du vin,
• un temps de prière et de bénédiction.
L’originalité de cette méthode tient à la fois au matériel et à la démarche. Vous pouvez satisfaire votre curiosité en allant sur le site godlyplay.ch

De manière générale, prendre au sérieux l’enfant théologien implique une posture plus horizontale de l’adulte, l’invitant à accompagner les enfants dans leur recherche, plutôt qu’à leur donner des réponses toutes faites, que ce soit lors de célébrations, de séances de catéchisme ou dans les activités d’un centre aéré.
Cette manière de vivre la catéchèse nécessite une formation pour prendre conscience des effets de la posture de l’accompagnant et développer des outils pour ouvrir au dialogue et à la discussion dans un cadre solide et sécurisant.

Aujourd’hui plus que jamais, ce qui m’intéresse (…), c’est d’aider les enfants à acquérir des outils pour se former leur propre pensée, leur propre dialogue intérieur, leur propre spiritualité, dans un monde qui les sur-stimule sans toujours les respecter, qui les expose sans pudeur à des réalités multiples et parfois effrayantes. C’est leur donner une vraie place, sans leur donner le vertige de prendre toute la place. C’est les prendre au sérieux, avec amour et humour. C’est leur donner le goût des histoires, celles de la Bible en particulier ; c’est partager avec eux ce qui me permet de garder le sourire même quand les tempêtes se déchaînent : écouter avec le cœur. Et redire avec un de mes grands inspirateurs, Saint–Exupéry : « L’amour, lorsqu’il a germé, donne des racines qui n’en finissent plus de croître. » Florence Auvergne-Abric

Chaque décennie propose de nouveaux défis. Les réponses changent de forme mais ce qui sous-tend depuis toujours les acteurs de la catéchèse reste identique : le désir profond d’exposer les enfants à l’amour de Dieu.
